Illustré de nombreuses photographies d’époque en noir.
TABLE DES MATIÈRES
Préface
Ma chanson des bois
Avant-propos
Début de saison
Dans la voie du chevreuil…
Avec le rallye Saint-Hubert
Avec le rallye Araize
Avec le rallye Taillis-Tayaut
Avec le rallye Ardillières
Avec le rallye Pic’hardi Chantilly
Avec le rallye Vendéen
Dans la voie du cerf…
Avec le rallye Forêt de Retz
Avec l’équipage de Bonnelles
Avec l’équipage Par vaux et forêts
Avec La futaie des amis
Avec le rallye Pique avant nivernais
Avec le rallye Nomade
Avec l’équipage Kermaingant
Avec le rallye Malgré tout
Avec l’équipage La Pierre-L’Ormée en pays d’Ouche
Avec l’équipage de Touffou
Avec le rallye Vouzeron-Sologne
Avec le rallye Combreux
Avec le rallie Touraine
Avec le rallye Rallie à la pucelle
Avec l’équipage de La Chapt
Dans la voie du sanglier…
Avec le vautrait Nivernais
À la billebaude à travers les équipages entre 1954 et 1958
Les manifestations de vénerie
Postface
Remerciements
AVANT-PROPOSOn faisait dire à M. Prudhomme « On a beau dire, on a beau faire, il y aura de moins en moins de gens qui auront connu Napoléon. »
Paraphrasant cette caricature des humoristes du temps de Louis-Philippe, je pourrai aussi dire : il y aura inéluctablement de moins en moins de témoins de ce que fut la vénerie il y a cinquante ans.
C’est ce qui justifie principalement ce recueil.
Car tout a beaucoup changé depuis. La vénerie des années de l’immédiat après-guerre, en effet, ressemblait encore beaucoup à celle d’avant-guerre. Les maîtres d’équipage étaient souvent les mêmes.
Différence de nombre d’abord. Si les équipages de cerf, qui nécessitent de grands territoires, n’ont connu depuis qu’une augmentation relative (trente en 1960 et trente-cinq en 2010), les équipages de chevreuil en revanche ont affiché un développement spectaculaire (trente en 1960 et plus d’une centaine aujourd’hui). Mais c’est dans la petite vénerie que le nombre a littéralement explosé (quelques rares meutes en 1960 et deux cent vingt en 2010), soit un total aujourd’hui de trois cent quatre-vingt-dix-huit équipages. Il y en avait soixante-cinq en 1960…
Différence de faste aussi. Car les équipages de nos jours ont peu à voir avec ceux de 1960, ne serait-ce que sur le plan du train de vie. La majorité des meutes de cerf étaient servies par trois hommes montés et deux à pied, le personnel, valets de limier, gardes, cochers, à l’avenant, autour de Paris comme en province. Décor et images d’autrefois.
Une certaine évolution néanmoins se faisait jour. Si beaucoup de maîtres d’équipage étaient encore propriétaires de leur meute, peu assuraient encore seuls la totalité des frais, et des associations s’étaient créées un peu partout, avec des comités, pour participer aux dépenses. Certes l’autorité du patron n’était nulle part contestée et il régnait souverainement. D’autant que beaucoup d’entre eux participaient encore largement aux budgets.
Pouvoir et prestige régaliens demeuraient.
Le recrutement des participants n’était pas aussi ouvert et divers que maintenant. Dans certains cas, le bouton demeurait offert. Dans les autres, avec participation, il était accordé aux relations de l’environnement. Et l’aristocratie terrienne y tenait encore une certaine place.
Le corollaire étant, un peu comme au temps de Crafty, une certaine convivialité mondaine. Beaucoup de maîtres d’équipage recevaient chez eux après la chasse, les châteaux des environs (qui, pour beaucoup d’entre eux, n’avaient pas encore changé de propriétaires…) invitaient régulièrement. Il régnait un esprit de club, mais sans snobisme ni ostentation, qui avait son charme.
Cette ambiance d’un autre temps, un peu sélective peut-être, s’est considérablement démocratisée —et c’est tant mieux pour la vénerie.
De nouveaux maîtres d’équipage sont apparus issus des milieux les plus divers, les boutons et gilets, sans parler des suiveurs, ont connu un développement spectaculaire — et c’est aussi tant mieux pour la vénerie. Elle a ouvert ses bras.
Mais pour les anciens qui ont connu cette période d’après-guerre, une certaine nostalgie du bon vieux temps transparaît quelquefois, notamment face aux contraintes imposées de nos jours.
Un exemple : partout on débuchait sans problème. On traversait la campagne à cheval derrière les chiens sans aucune manifestation d’hostilité. On faisait curée sur la place du village près duquel on venait de prendre, avec l’accord du maire, à des kilomètres de la forêt et du lancer.
Un autre exemple, quant à l’évolution des mentalités : je me souviens ainsi d’une chasse de 1955 où un dix cors jeunement attaqué par l’équipage du Val d’Iton en forêt de Broglie, débuchait, franchissait la Charentonne et venait tenir les abois en plein milieu d’un gros bourg… où nous l’avons servi. À la curiosité la plus sympathique de l’assistance ! On a même retraité sous les applaudissements de la jeunesse.
Heureux temps diront les masters d’aujourd’hui…
On ne revient jamais en arrière et il est probable que dans cinquante ans, en 2060, la vénerie de 2010 apparaisse, si elle existe toujours, comme un temps béni…