Voici les souvenirs de plus de trente ans de chasse en baie de Somme d'un ancien vice-président de l'ANCGE qui fut le premier rédacteur en chef de la Sauvagine.
Des temps mémorables de l'après-guerre au milieu des années 1970, André Lahure n'a pas raté une occasion de chasser à la hutte ou en parcourant ses chers marais. Il livre avec talent, passion et modestie le récit de ses expériences bonnes ou malheureuses et de ses heures passées à attendre les colverts et les sarcelles, les bécassines et tant d'autres limicoles, chevaliers, barges, courlis, vanneaux, etc.
À travers toutes ces années c'est aussi l'évolution de la baie de Somme qui se dessine, les espèces devenues protégées, l'amélioration des huttes et des fusils, la densité des oiseaux qui diminue... Cependant loin de toute nostalgie, cet ouvrage est un bel hommage à ces lieux magiques, entre terre, ciel et eau, qui vibrent au clair de lune et au son du posé et de l'envol des migrateurs.
Très bon état.
Paris, Markhor, 2010. In-8, 15 x 23 cm, broché, 264 pages.
TABLE DES MATIÈRES
Préface
Avertissement
I Blanquetaque
II Premières armes
III Premier permis et premier fusil
IV Première hutte
V Un Solognot en Picardie
VI Bécassines
VII Vanneaux
VIII Sarcelles
IX Une chienne de marais
X La plaine de Blanquetaque
XI Les marais de Ponthoile,Romaine et Villers-sur-Authie
XII La hutte des Quarts de rond
XIII La baie de Somme
XIV Une matinée au hutteau
XV Canards siffleurs et brouillard
XVI Autres souvenirs de chasse en baie
XVII Maladresse
XVIII Un week-end où il n'y avait rien à tuer
XIX Un gros paquet de blettes
XX Une bredouille évitée de justesse
XXI Une histoire d'oies
XXII Quand tout va mal
XXIII Ça va être le gros coup...
XXIV Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable
XXV Gibier d'eau, la reine des chasses
XXVI Les temps ne sont plus...
EXTRAITS DE L'OUVRAGE
« Dès 17 h, nous sommes à la hutte, Régis, mon épouse, Clovis et moi. Tout va bien, il y a toujours autant d'oiseaux sur la mare, avec la même forte majorité de sarcelles. Vers 18 h, des petites bandes de becs plats commencent à circuler. Rapidement, le mouvement s'amplifie et bientôt, d'innombrables vols de palmipèdes illustrent le ciel dans un incessant ballet. Même à Blanquetaque, je crois n'avoir jamais vu autant d'oiseaux. Ici, ce sont des souchets, là, des colverts. Et toujours des sarcelles, encore des sarcelles... Tous ces oiseaux sillonnent les environs, par bandes de dix à quarante individus, allant de mare en mare, touristes appliqués découvrant le paysage. Quelques vanneaux jouent un intermède, culbutant d'une aile sur l'autre au moment où ils se posent dans les herbages, indifférents à l'agitation qui règne dans le ciel. Parfois une poignée de limicoles, chevaliers ou barges font une rapide apparition, filant à tire-d'aile comme s'ils avaient le sentiment d'être des intrus parmi tant de becs plats... Dissimulés derrière la hutte, nous vivons un conte de fée, assistant, presque incrédules, à cet extraordinaire meeting aérien.Les hérons, en revanche, ont déserté : sont-ils partis vers d'autres restaurants après avoir vidé la mare de tous ses poissons ? Une carpe saute à propos pour me rassurer. »
« Au ras du sol, il n'est pas facile d'apprécier la distance, mais après un long examen, je l'estime aux alentours de 60 m à 65 m, peut-être même 70 m. Que faire ? Je ne me suis quand même pas imposé cette épuisante séance de reptation pour rien. Et puis, je veux éviter la bredouille. Il n'y a évidemment aucun moyen de m'approcher plus près, c'est d'ici qu'il faut agir... ou renoncer.
« Renoncer, il n'en est pas question. J'ai en permanence dans ma cartouchière deux cartouches longues — mon fusil est chambré à 70 — de plomb n° 2, dans l'hypothèse d'une rencontre toujours possible avec des oies. Je les glisse dans mon fusil. Même à cette distance, ce très gros plomb doit être meurtrier, et le fait que les oiseaux sont en paquet serré ne peut qu'améliorer mes chances. Allons-y. Je me redresse soudainement. Après une seconde d'hésitation due à la surprise, toute la bande prend son essor. Je lâche mon premier coup dans cette forêt d'ailes blanches et noires et, après un petit coup de poignet pour diriger mon fusil un peu plus à droite, j'expédie mon second coup dans le tas. À chaque fois, je vois tomber une grappe d'oiseaux. Aussitôt, je jaillis de mon fossé tandis que plusieurs désailés s'éparpillent. Courant aussi vite que le permet cette terre gorgée d'eau dans laquelle je m'enfonce jusqu'aux chevilles, j'achève d'abord les plus éloignés. »