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<i>Marquis de Lestrade</i><br>Conseils d'un vieux veneur

Marquis de Lestrade
Conseils d'un vieux veneur

Montbel
En stock
2008.
Livre neuf de collection.
Montbel, 104 pages, 8 planches.
100,00 €
600g
Description

Deux textes très rares dans une édition illustrée de bibliophilie tirée à 400 exemplaires numérotés


Rééditions des Conseils d'un vieux veneur (1911) du marquis de Lestrade, suivi du très rare ouvrage du même auteur, Les souffrances d'un maître d'équipage (1905).

Le marquis de Lestrade, maître d'équipage pendant trente ans, dans l'Yonne puis en Orléanais, fait part de ses conseils pour monter un équipage et livre son expérience de veneur accompli, en racontant de nombreuses anecdotes qui mettent en scène des veneurs et des piqueurs illustres de l'époque.

Cette nouvelle édition très soignée est enrichie d'une vignette de titre et de huit belles compositions originales à pleine page de François Beaurin-Berthélemy, peintre et sculpteur animalier, créateur de décors pour la faïencerie de Gien.

Le texte, entièrement recomposé, est imprimé sur papier vergé de Rives 120 g ivoire, les planches hors-texte sont tirées en couleurs sur papier Antalis soft natural 200 g, et la couverture en couleurs, avec un large rabat, sur vergé de Rives 220 g ivoire.

Cet ouvrage est édité à 400 exemplaires numérotés seulement.

Les conseils d'un vieux veneur du marquis de Lestrade forme le sixième volume de la collection Vénerie d'autrefois, qui propose des textes recherchés de l'âge d'or de la vénerie, et qui donne un panorama des meilleurs illustrateurs animaliers de ce début de siècle.

 

◼︎ Paris, Montbel, 2008. 16 x 25 cm, in-8, broché, 104 pages, 8 planches.
 

EXTRAIT DE L'OUVRAGE

De la manière de former un équipage

 

Ceci paraît au premier abord, mathématiquement et sur le papier, un problème insoluble, quelque chose comme la quadrature du cercle : une difficulté à faire frémir l'ombre du grand Pascal. En effet, je n'hésite pas à affirmer (et en cela je suis de l'avis de tous les bons veneurs), que les chiens seuls pouvaient être notre boussole à la chasse, que c'est en ces braves animaux que nous devons mettre notre confiance, une confiance aveugle... Or, nous voici en présence de jeunes chiens inexpérimentés, à peine déclarés, par conséquent enclins à toutes les crasses, et disposés à faire n'importe quelle bêtise, selon leur plus ou moins d'amour de la chasse. Plus en effet, ils seront chasseurs, plus ils seront difficiles à créancer. Ce qui est une qualité fort appréciable, devient, dans l'espèce, un écueil grave... Je dis dans l'espèce, car je néglige le cas où un veneur peut, avec de l'argent, soit acheter un équipage tout fait, soit de bons chiens (quelques chiens de change) dans des équipages.
Le premier cas se présente encore assez souvent. C'est beaucoup plus facile, mais combien moins intéressant ! Mais cependant c'est un grand mérite de ne pas déformer cet équipage.
Quant au second cas, je crois que quand un chien de change peut encore se tenir debout, même en prenant soin de le transporter au rendez-vous en voiture et de le faire retraiter de même, un maître d'équipage ne le vend pas, à moins d'une très forte culotte au baccara, ou à un de ces jeux nouveaux, en honneur aujourd'hui, et dont la prononciation ne m'est pas familière.
Vous trouverez des jeunes chiens de réforme à acheter, qui peuvent devenir excellents.
Car dans un chenil où on élève, on réforme un chien ou à cause de sa taille trop petite ou trop élevée (suivant celle sur laquelle on reste), ou à cause de sa couleur, ou à cause de son type non semblable au reste de l'équipage. C'est ainsi et pour ces raisons, que je réformais mes jeunes chiens à douze mois environ, au moment de rentrer la remonte au chenil. Tous les éleveurs en font autant.
Vous pouvez donc trouver là, un commencement d'équipage, en tâchant d'avoir un type de chien dans la tête et dans les yeux, et essayer d'avoir, autant que possible, quelque chose qui s'en rapproche. Je ne parle pas, bien entendu, d'avoir des chiens de bonne origine. Ceci, c'est le point essentiel et une condition sine qua non...
Avec un petit noyau de chiens élevés par vous, et ces jeunes chiens cueillis dans de bons équipages, vous pouvez songer à commencer à chasser. J'insiste sur ce point avant toutes choses, car je considère de toute nécessité de commencer par élever des chiens avant de chasser.
Un jeune veneur utilisera ce temps d'attente en allant chasser avec de bons équipages, pendant un an ou deux, il apprendra ainsi son métier. Il faut choisir des équipages sérieux où le maître et ses amis aiment la chasse, en causent, vivent avec leurs chiens.
Le coin du feu, le soir d'une chasse, voilà une école. On n'est pas toujours du même avis... ! Mais on y apprend à prendre un animal, en écoutant les expérimentés. « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. » 
C'est une vérité hélas cruelle, mais juste au-delà de toutes, pour la vénerie et tout ce qui y touche.
Les équipages que l'apprenti veneur ira voir chasser, n'auront pas tous la même manière de chasser. Les pays de chasse changent la façon de manœuvrer. Mais qu'il étudie, et qu'il choisisse, c'est là qu'est l'art. Le roi Louis XIV choisissait ainsi ses hommes d'État. C'est un suprême talent. Jadis, on prenait ses grades en vénerie. Le roi Louis XV a commencé par chasser lièvre, puis chevreuil, puis daim, et cela pendant cinq ans, avant qu'on ne lui permît de chasser cerf.
« Qui sait chasser le lièvre, dit du Fouilloux, sait tout chasser. »
Quel plus bel exemple de la nécessité d'apprendre un métier avant de l'exécuter ! La chasse est surtout une science pratique, dont on peut tous les jours contrôler les principes. Qui ne veut pas l'apprendre et s'y instruire, est indigne d'en parler. C'est donc par la pratique qu'il faut commencer. Lisez ensuite des ouvrages de vénerie. Car de même que celui qui n'est jamais monté à cheval n'apprendra pas dans un manuel d'équitation à devenir un homme de cheval ; de même celui qui n'a jamais chassé apprendra encore bien moins, dans un manuel de vénerie, à bien chasser.

 

 


BIOGRAPHIES DE L'AUTEUR ET DE L'ILLUSTRATEUR

 

Georges, marquis de Lestrade (1851-1912) fonde en 1875 l'équipage de La Grange-Arthuis, au château de La Grange-Arthuis, par Lavau, dans l'Yonne. Il adopte une tenue bleue à col et parements amarante et culotte de velours bleu, à galons pour les hommes.
Il courre le sanglier puis, à partir de 1883, principalement le cerf en forêt d'Orléans (sur le lot cédé par le comte de Béthune-Sully), de Saint-Fargeau dans l'Yonne et de La Vénerie dans la Nièvre. Il se déplace régulièrement chez son beau-frère, le célèbre maître d'équipage Roger Laurent, à La Ferté-Vidame, en Eure-et-Loir.
Sa meute, composée de cinquante à quatre-vingts saintongeois blancs et noirs est servie par deux hommes à cheval et trois valets de limiers. Elle est « fort bien tenue, selon les traditions qu'exprime son propriétaire dans une plaquette Conseils d'un vieux veneur  ».
L'équipage est vendu en 1906 au prince de la Tour d'Auvergne qui le renomme Rallye Francbord et chassera jusqu'à la première guerre mondiale.
Au soir de sa vie, le marquis de Lestrade publie les Conseils d'un vieux veneur (1911) pour partager son expérience de maître d'équipage. Illustré de quatre compositions en couleurs, de nombreux dessins et de photographies, c'est une « charmante publication devenue rare ». Son premier texte, Les souffrances d'un maître d'équipage, édité par Pairault en 1905 et illustré de quatre photographies, était déjà « difficile à trouver » en 1934. Cette plaquette est aujourd'hui d'une rareté proverbiale. Le catalogue de la Bibliothèque nationale de France, qui possède l'exemplaire dédicacé par l'auteur à l'éditeur, mentionne un tirage à 25 exemplaires seulement.

 

 

Pour François Beaurin-Berthélemy, peintre et sculpteur français, élève de Charles Auffret, la chasse est un repère affectif. Né en 1954, diplômé de l'école des beaux-arts, il rejoint la galerie Dorothée Chastel à Paris en 1994.
Cet artiste, qui s'est donné pour maîtres Fragonard et Bugatti, maîtrise différentes techniques : huile, lavis, crayon, argile, bronze... Il développe, autour de l'animal, une œuvre sensible dont le langage est celui de l'émotion.